Discours du Ministre des finances et du budget à la mission économique belge

05 oct, 2019

Allocution de Monsieur Calixte NGANONGO

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 Ministre des Finances et du Budget du Congo

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 Mission économique belge à Pointe Noire.

 

 

Monsieur le Préfet du département de Pointe-Noire, 

Monsieur le Préfet du département du Kouilou, 

Madame la Ministre des Affaires sociales, Genre, Famille et Personnes vulnérables du Gouvernement provincial de Kinshasa ; 

Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Royaume de Belgique au Congo ; 

Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République du Congo au BENELUX et Union Européenne, 

Monsieur le Président du Conseil départemental et municipal de Pointe-Noire ; 

Monsieur le Président du Conseil départemental et municipal du Kouilou ; 

Monsieur le Secrétaire Général du Département de Pointe-Noire ; 

Monsieur le Secrétaire Général du Département du Kouilou ; 

Messieurs les Consuls honoraires invités ; 

Monsieur le Secrétaire Général de la commune de Pointe-Noire ; 

Monsieur le Commandant de la zone militaire de Défense n°1 ; 

Monsieur le commandant de la région de gendarmerie de Pointe-Noire ; 

Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises belges ; 

Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprise congolaises ; 

Monsieur le Président de la chambre consulaire de Pointe-Noire ; 

Distingués invités, en vos rangs, grades et qualités, toute préséance respectée ;

 

Mesdames et Messieurs, chers investisseurs,

 

Il m’est particulièrement agréable de prendre la parole ce jour, à l’occasion de cette rencontre économique historique pour le Congo, au moment où celui-ci emprunte le train de la diversification de sa base productive. 

 

Le Congo, « terre d’accueil et d’opportunités », vous reçoit pour vous montrer toutes les possibilités d’investissement qu’il offre, pour l’intérêt des investisseurs que vous êtes tous. Mais, avant d’aborder les thèmes qui nous réunissent ici, je voudrais, au nom de Son Excellence Monsieur Denis SASSOU-N’GUESSO, Président de la République, Chef de l’Etat, de Son Excellence Monsieur Clément MOUAMBA, Premier Ministre, Chef du Gouvernement, ainsi qu’en mon nom personnel, vous souhaiter la bienvenue au Congo, notre paysvotre pays ! J’associe ainsi ma voix à celles qui m’ont précédé dans cette salle, pour réitérer, à tous nos hôtes, mes souhaits de bienvenue et d’un agréable séjour à Pointe-Noire, ville océane.

 

Mesdames et Messieurs, chers investisseurs,

 

Avant de poursuivre mon propos, je voudrais saluer  ici l’initiative et les efforts de Son Excellence Monsieur Léon Raphaël MOKOKO, Ambassadeur de la République du Congo auprès du BENELUX et de l’Union Européenne, qui n’a ménagé aucun effort, pour vous sensibiliser aux atouts économiques de notre pays. Pour ces efforts, recevez, Excellence Monsieur l’Ambassadeur, tous mes encouragements et mes remerciements.

 

Chers partenaires,

Bien que vous le sachiez déjà, la République du Congo est un pays de 342.000 kilomètres carrés, situé en plein cœur de l’Afrique centrale et considéré par la majorité des observateurs de politique économique, comme un eldorado pétrolier. En effet, le Congo possède d’importantes réserves de pétrole. A titre d’exemple, en 2014, les réserves prouvées de cette ressource naturelle ont été évaluées par l’Administration américaine de l’information sur l’énergie (EIA) à environ 1,6 milliard de barils, hissant, par voie de conséquence, le pays au rang de quatrième producteur en Afrique subsaharienne.

Le Congo se caractérise, par ailleurs, par une diversité de ressources minières, forestières, halieutiques, hydrauliques, solaires, agricoles avec un potentiel de 10 millions d’hectares de terres arables, et bien d’autres encore, etc.

 

Grâce aux revenus tirés de l’exploitation de la ressource pétrolière, nous avons entamé, sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur Denis SASSOU-N’GUESSO, Président de la République, Chef de l’Etat, un vaste chantier de développement visant à doter le pays d’infrastructures de base. A cet effet, une véritable stratégie nationale d’investissement, structurée autour d’un modèle de développement infrastructurel, a pu s’opérer dès 2002, grâce notamment au concept de Municipalisation Accélérée, qui s’est concrétisée par l’édification de routes, d’aéroports, de ports, de ponts, d’infrastructures énergétiques et de télécommunications, pour ne citer que ceux-là.

 

En interne, le réseau de bitumage des routes est passé de 1200 kilomètres, en 2002, à 4.000 kilomètres, en 2015, grâce, notamment, à :

-         la construction de la dorsale Brazzaville-Pointe Noire (RN1), d’une distance de 533 kilomètres, qui relie les deux principales villes du pays. Ce qui facilite grandement les échanges entre les deux cités, en passant d’une capacité de 3.000 à 6.000 véhicules par jour ;

-         l’édification des routes secondaires permettant le maillage de toutes les localités du pays ;

 

 

Dans le domaine aérien, comme vous avez pu le constater en arrivant à Pointe-Noire, des aéroports modernes ont été édifiés sur toute l’étendue du territoire. Ces réalisations répondent à l’ambition de faire notamment de Brazzaville, ville capitale, un véritable hub aérien régional, capable d’accueillir des appareils de type Airbus A380 et faisant passer son trafic de 300.000 passagers par an, en 2002, à 1 million de passagers, en 2015. L’aéroport international de Pointe-Noire, modernisé, tend à répondre aux mêmes exigences.

 

Dans le domaine portuaire, la ville de Pointe-Noire, poumon économique du Congo, a l’avantage d’abriter le principal port en eau profonde de la sous-région, dont les récents financements, avec les partenaires au développement, visent à l’étendre en vue d’intensifier encore un peu plus son trafic.

 

Sur le plan énergétique, des progrès ont été réalisés pour renforcer la production d’électricité, son transport et son réseau de distribution. Actuellement, les différentes centrales électriques sont en mesure d’offrir une capacité de 650 mégawatts. Plusieurs autres projets sont en cours d’étude et en attente de financement, en vue d’améliorer cette capacité et de permettre au pays de relever le défi de l’industrialisation. Ce secteur est porteur et nous espérons beaucoup de vos contributions.

 

Au niveau externe, le Congo a consacré et restauré son ambition naturelle de pays de transit, en intensifiant les projets intégrateurs visant à le connecter avec les pays voisins comme le Gabon, le Cameroun, la République Centrafricaine, l’Angola et, bien entendu, la République Démocratique du Congo (RDC). Avec ce dernier, nous nous sommes engagés à bâtir un pont route/rail sur le fleuve Congo, financé notamment par la Banque Africaine de Développement (BAD).

                                         

Ce fleuve Congo lui-même est un grand chantier ouvert aux investisseurs intéressés par les activités de tourisme, de pêche continentale, de transport interne et intracommunautaire, etc.

 

 

 

Mesdames et Messieurs, chers investisseurs,

 

Sans être exhaustif, je viens de vous dresser quelques projets entrepris depuis 2002. Ces projets, essentiellement financés par les revenus tirés du secteur pétrolier, ont subi un ralentissement du fait du choc mondial sur les cours du baril de pétrole, au milieu de l’année 2014. Le Congo, comme la plupart des pays exportateurs de cette ressource, en a subi les effets.

 

A l’instar de nombreux pays en pareille circonstance, il s’en est suivi, d’abord, une phase de ralentissement de la croissance économique, puis une récession durant deux ans. Face à cette situation difficile, le Gouvernement de la République n’a ménagé aucun effort pour conjurer les effets de cette crise sur les finances publiques, d’une part, mais surtout pour affirmer sa volonté de diversifier l’économie nationale afin de la prémunir contre les mouvements erratiques des cours mondiaux du pétrole, d’autre part.

 

A cet effet, le Congo a élaboré une nouvelle stratégie de développement basée sur le Plan National de Développement (PND-2018-2022), qui cible la consolidation de l’ensemble des secteurs hors pétrole, même si le secteur pétrolier continue de faire l’objet d’investissements importants. Un des axes prioritaires de ce plan reste la diversification économique, qui s’appuie forcément sur un secteur privé dynamique et compétitif, et qui requiert des modes de financement innovants, notamment les Partenariats public-privés- ou privés-privés (PPP), le Build operat transfer (BoT), les concessions, etc.

 

La mise en œuvre effective de cette stratégie de développement nécessite des financements importants. A cet égard, il est à noter que, depuis 2017, le flux des Investissements directs étrangers (IDE) attiré par la République du Congo est en constante baisse, passant de 3,5 milliards de dollars, en 2016, à environ 1,2 milliard de dollars, en 2017, bien que des capitaux aient été attirés en 2019, pour consolider le secteur pétrolier

 

Dans ce contexte de baisse continue des Investissements directs étrangers (IDE), il a fallu repenser le mode de financement de cette stratégie, pour maintenir l’élan de développement et tenter d’attirer les flux financiers étrangers. Pour cela, dans un premier temps, il est apparu nécessaire de revisiter le cadre d’investissement qui datait de 2004. Instituée par une loi, une Charte des Investissements a été mise en place. Outre d’autres avantages comme le rapatriement des bénéfices, cette charte contient deux régimes fiscaux spécifiques.

 

L’un, destiné aux grandes entreprises, et l’autre, aux petites entreprises. Le régime G, des grandes entreprises, est accordé à celles réalisant un investissement supérieur à cent (100) millions de FCFA. Le régime S quant à lui, est accordé aux Petites et moyennes entreprises réalisant un investissement compris entre trente (30) millions et cent (100) millions de FCFA ;

Pour ces deux régimes, pendant la phase d’installation de deux (2) ans et la phase d’exploitation de trois (3) ans, les entreprises bénéficient des avantages suivants : 

-         taux réduit des droits de douanes et de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à 5% ;

-         exonération, au cordon douanier, des droits et taxes à l’exportation des produits ;

Pendant la phase d’exploitation de trois ans, les entreprises bénéficient :

-         de l’exonération totale de l’Impôt sur les sociétés (IS) ;

-         au-delà de cette période, elles peuvent bénéficier de la moitié (50%) du taux d’IS en vigueur pendant trois années supplémentaires, si un nouvel investissement est réalisé, et dont le montant représente au moins le tiers de l’investissement initial réalisé au cours de la période d’installation ;

-         de la réduction des droits d’enregistrement pour les actes de création d’entreprises, d’augmentation de capital social, de fusion des sociétés, de mutation des actions et parts sociales, etc ;

 

-         de la TVA nulle à l’exportation des biens et services produits sur le territoire national, pour favoriser l’éclosion d’une véritable politique industrielle tournée vers l’exportation, source d’accumulation de réserves de change, et donc de stabilité monétaire ;

 

-         de la possibilité de reporter les résultats négatifs sur les trois exercices suivants, en vue de faciliter un retour à l’équilibre en cas de difficultés périodiques.

Ces allègements de la fiscalité sont étendus pour des entreprises investissant dans le secteur social, dont le développement constitue également un défi majeur pour le Gouvernement et les populations.

La contrepartie de ces avantages est de se soumettre au respect de certains engagements, liés notamment à la création d’emplois locaux, afin de permettre au pays d’atteindre son objectif de réduction du chômage, particulièrement en ce qui concerne les jeunes, tout en faisant la promotion des emplois qualifiés.

 

Mesdames et Messieurs, chers investisseurs,

L’évaluation de la stratégie d’investissement, que je viens brièvement de décrire, nous révèle qu’elle n’a pas permis au Congo d’atteindre tous ses objectifs de développement. Pour y parvenir, le Gouvernement a entrepris de bâtir un dispositif spécifiquement attrayant pour les investisseurs, à savoir : les Zones Economiques Spéciales (ZES). A l’heure actuelle, sur les quatre zones économiques spéciales créées, il en existe deux en cours d’opérationnalisation : celle de Brazzaville à Maloukou, disposant déjà de quelques unités de production pouvant faire l’objet d’une acquisition ; et celle de Pointe-Noire, en phase d’installation.

 

Le régime fiscal prévu dans ces zones est réputé relativement attractif pour des investisseurs en quête de rentabilité. D’autres formes de zones spécialisées existent, telles que les zones industrielles et les zones franches de santé.

 

Pour couvrir l’ensemble des besoins des entreprises, le bouquet fiscal d’incitation à l’investissement prévoit d’autres régimes privilégiés pour des cas spécifiques. Ces régimes sont :

-         le régime fiscal des sociétés étrangères ;

-         le régime fiscal des holdings ;

-         le régime d’intégration fiscale ;

-         le régime fiscal des entreprises agricoles et agropastorales ;

-         le régime fiscal des entreprises de microfinances ;

-         le régime fiscal des entreprises d’enseignement privé organisé en société.

Il me semble que ces régimes fiscaux sont adaptés aux besoins des secteurs d’activités pour lesquels vous souhaitez porter vos investissements.

Cependant, pour accompagner les divers projets d’investissement, il a fallu moderniser et améliorer le cadre qui régit le climat des affaires dans notre pays. De nombreuses réformes ont été entreprises dans ce sens. Parmi celles-ci :

-         la mise en place de Guichets uniques pour le dédouanement des marchandises (GUD), qui permet à l’usager d’effectuer, en un seul point, toutes les démarches essentielles au dédouanement des marchandises ;

-         la mise en place de la solution e-Douanes, qui permet d’effectuer en ligne ses opérations de dédouanement, avec la possibilité de suivre, en temps réel, les marchandises en transit ; 

 

-         la mise en place d’un Centre de Médiation et d’Arbitrage du Congo (CEMACO) ;

 

-         le renforcement des capacités des juristes et juges en Droit des affaires, afin de leur permettre de statuer, en toute connaissance de cause, sur les affaires y relatives ;

 

-         la création de l’Agence Congolaise de Promotion et de Création des Entreprises (ACPCE), guichet unique pour les formalités de création des entreprises.

 

Ces quelques éléments sont autant de facteurs qui tendent à améliorer considérablement le climat des affaires au sein de notre pays. Le Gouvernement continue à œuvrer afin d’offrir aux investisseurs un environnement favorable au développement des affaires.

Mesdames et Messieurs, Chers investisseurs,

Je ne saurais terminer mon propos sans évoquer la situation du système bancaire et financier. En effet, le système financier du Congo est principalement constitué de banques commerciales. Par ailleurs, le marché financier régional vient d’être réformé dans une logique de fusion des deux bourses régionales, pour lui donner toute sa place dans le financement des économies.

S’agissant du système bancaire congolais, le Congo compte onze banques, dont la structure du capital varie entre les capitaux locaux et les capitaux étrangers. Le niveau de liquidité des banques de la place reste relativement solide. La couverture des crédits par les dépôts affiche un ratio de 111,5%, ce qui conforte la solidité du système bancaire et sa capacité à financer l’économie par l’octroi des crédits.

Cependant, malgré des ratios relativement solides, le système bancaire éprouve des difficultés à financer le développement, du fait de la structure des dépôts, qui reste majoritairement à court terme. Cette caractéristique est de nature à limiter la capacité de transformation des banques, pour octroyer des crédits à moyen et long terme, essentiels aux investissements.

Malgré les réformes opérées par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), pour moderniser le marché monétaire en le dotant d’instruments nouveaux pour les financements à plus long terme, le système bancaire peine à se dynamiser.

L’arrivée ici de fonds d’investissement ou de banques d’affaires tombe à point nommé. Car, ils constituent des instruments de financement qui manquent dans l’écosystème bancaire et financier du Congo. J’espère que nous entamerons des discussions riches en ce sens, car ces instruments ont déjà retenu tout notre intérêt.

Mesdames et Messieurs, Chers investisseurs,

Tout en espérant vous avoir éclairé sur les potentialités offertes par notre pays dans les différents secteurs d’activités, je garde grand espoir que nous approfondirons les discussions et les échanges autour des thèmes d’intérêts communs. Je souhaite, particulièrement, que nous gardions à l’esprit la promotion d’un partenariat gagnant-gagnant, sous la forme notamment de Partenariats public-privés et privés-privés (PPP).

Sur cette note d’espoir et d’optimisme, je profite à nouveau de cette possibilité qui m’est offerte, pour vous souhaiter un très bon séjour dans notre pays, en espérant que vos espérances rencontreront la bonne opportunité, objet de votre déplacement ici.

Sur cette invite, je déclare ouverte la mission économique et commerciale belgo-congolaise.

Je vous remercie de votre aimable attention !!!

 

CATÉGORIE:DISCOURS
SOUS-CATÉGORIE:LE MINISTRE