Conférence Débat - Le Franc CFA: stop ou encore ?

06 avr, 2017

Le Ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public, Calixte Nganongo, a participé,  jeudi 6 avril 2017 à Brazzaville, à la conférence-débat placée sous le thème : « Franc CFA : stop ou encore ?». L’éclat de cette cérémonie organisée par le Cabinet Eminence Conseil  a été rehaussé de la présence du Premier ministre congolais, Chef du gouvernement, Clément Mouamba. 

 

Le Franc CFA constitue-t-il un véritable handicap pour l’émergence  économique des pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) ? Quels sont les avantages et les inconvénients de cette monnaie ? Que gagnent la France  et ses entreprises à garantir sa convertibilité ? Faut-il aller plus en avant dans l’intégration monétaire en favorisant  la réunion  des deux Francs CFA d’Afrique de l’Ouest et du Centre ? 

 

Telles sont les principales problématiques qui ont été au centre de cette conférence-débat.

Les éminents conférenciers qui se sont succédé à la tribune de cette conférence animée par nos confrères Jean-Claude Kakou de la Télévision nationale congolaise et Pascal Airault du quotidien français L’Opinion, ont tour à tour donné leur vision sur ces différents thèmes. 

 Pour Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali, la monnaie est un attribut de souveraineté d’un pays. S’appuyant sur les récentes déclarations de certains Chefs d’Etat africains de la Zone Franc, notamment le Tchadien Idriss Deby-Itno, le Béninois Patrice Talon et le Gabonais Ali Bongo Ondimba, il a indiqué qu’après 77 ans  de servitude monétaire, l’âge de la retraite du Franc CFA a véritablement sonné. Pour lui, les pays de la Zone Franc constituent des comptoirs, parce qu’ils sont réduits à l’exportation de leurs matières premières, sans créer la plus-value. Aucun pays, a-t-il ajouté, ne peut prétendre aller seul à l’émergence. Il faut donc élaborer des stratégies communes, c’est-à-dire régionales.

 

 Par ailleurs, l’homme d’Etat béninois regrette le manque de volonté des gouvernants africains pour accélérer cette intégration monétaire. Le Franc CFA, a-t-il poursuivi, arrimé à l’Euro, favorise, certes, la stabilité, mais la vision stratégique  du CFA, dans son dispositif actuel, ne peut pas soutenir la croissance et garantir ainsi  les conditions de vie meilleures des populations  rurales. Il s’agit, a-t-il conclu, de la responsabilité des présidents africains.

 

Pour sa part, Djibril Ngom, ancien ministre du Sénégal, la souveraineté  n’existe pas. Car, on donne une partie de sa souveraineté  pour gagner. Il estime que la question de la sortie des pays de la Zone Franc n’est pas une fin en soi. La vraie question, c’est la bonne gouvernance monétaire.

 

Invité à son tour pour partager l’expérience de la République Démocratique du Congo (RDC-qui n’est pas dans la Zone Franc), l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a indiqué que son pays vit avec le Franc congolais sous l’autorité monétaire nationale. Ce Franc est en harmonie avec la politique des autorités du pays. « Nous avions amorcé, en 2010, un Plan de dédoublement des recettes fiscales. Trois ans après, nous avons maximisé nos recettes, au grand étonnement des institutions financières internationales! La monnaie, c’est vrai, est une question de souveraineté d’un pays. Mais l’élément central d’une monnaie, c’est la confiance qui résulte de la bonne gouvernance de la chose publique. La confiance, on le sait, ne se décrète pas, elle se vit. C’est pour cette raison que, au moment où j’étais arrivé au poste de ministre des finances de mon pays, j’avais instauré la bonne gouvernance dans la gestion publique. Ce qui a conduit à la stabilisation du Franc congolais. Pour l’instant, nous ne sommes pas prêts à intégrer la Zone Franc », a conclu l’ancien Premier ministre de la RDC.

 

Le Service de presse du Ministère des Finances

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